mardi 15 mai 2007

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Quand je n’étais pas avec ma grand-mère, je traînais avec ma demi-sœur dans le jardin. J’aimais particulièrement les journées d’automne, lorsque la pluie cessait et que le soleil réapparaissait, inondant subitement les plantes encore mouillées d’un flot de lumière. Les escargots, affamés par une longue période de jeûne, sortaient alors de leurs coquilles et se répandaient sur les roseaux à la recherche de nourriture, laissant derrière eux des trainées de bave qui scintillaient au soleil. Muni de quelque vieille boîte rouillée, je me jetais sur eux en poussant de grands cris de joie. La boîte était vite pleine et, bien que prisonniers, ils ne cessaient pas d’avancer. Lorsque l’un d’eux montait sur ma main, je ne pouvais réprimer un mouvement de dégoût, et la boîte tombait alors, projetant les malheureuses bêtes dans toutes les directions.

En octobre, le village était souvent balayé par le vent d’est. Le soir venu, une fois le vent tombé, nous traversions le jardin et, nous faufilant entre les roseaux, nous nous retrouvions dans le bois de pins. Les arbres, d’une dizaine de mètres de haut, desséchés par les fortes chaleurs de l’été, perdaient une grande quantité de branches mortes. Nous nous empressions de les ramasser, et lorsque nos petits bras en étaient pleins, nous courions déposer notre charge dans le jardin pour revenir, encore et encore, jusqu’à ce que l’obscurité nous obligeât à rentrer, fatigués mais heureux.

Parfois, ma grand-mère nous envoyait cueillir des plants de chendgoura ajuga iva ― qui poussaient en abondance dans le bois. Les petites touffes de feuilles allongées perçaient l’épais tapis d’aiguilles et se développaient en groupes de trois ou quatre, semblables à de grosses araignées vertes guettant une proie. Nos yeux balayaient le sol dans toutes les directions et dès que l'un de nous deux en apercevait une, il s'empressait d'aller l'arracher pour ne pas la laisser à l'autre. Nos doigts en devenaient tout verts et collants et la forte odeur de musc qui s’en dégageait nous écœurait un peu. De retour à la maison, il fallait les frotter longtemps avec du savon, sous l’eau du robinet, pour en ôter l’amertume.



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